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MESSAGE DU PAPE FRANCOIS
A L'OCCASION DU SEMINAIRE INTERNATIONAL SPORT ET FOI AU VATICAN

                      14 Mai 2015

À mon Vénéré Frère
Monsieur le cardinal Stanisław Ryłko
Président du Conseil Pontifical pour les Laïcs

Je désire vous adresser, ainsi qu’à tous ceux qui participent au Séminaire international sur le thème « Entraîneurs : Éducateurs de personnes », organisé par la Section Église et Sport du Conseil Pontifical pour les Laïcs, mes salutations cordiales. Fidèles à votre travail de réflexion et de promotion des valeurs humaines et chrétiennes du sport, dans ce quatrième séminaire vous avez opportunément pris en considération la figure de l’entraîneur, mettant l’accent sur ​​son rôle d’éducateur dans le domaine du sport professionnel et amateur.

Dans la vie, nous avons tous besoin d’éducateurs, de personnes mûres, sages et équilibrées, qui nous aident à grandir dans la famille, dans les études, dans le travail, dans la foi. Les éducateurs nous encouragent à nous lancer dans de nouvelles entreprises sans crainte des obstacles et des défis à relever; ils nous exhortent à surmonter les moments difficiles, à avoir confiance en nous-mêmes et en nos compagnons; ils sont à nos côtés dans la délusion comme dans les moments d’égarement, dans la joie et dans le succès. Eh bien, l’entraîneur sportif, et en particulier celui qui travaille dans les milieux catholiques du sport amateur, peut lui-aussi devenir un bon éducateur pour beaucoup de jeunes, un point de repère important pour le développement d’une personnalité mature, harmonieuse et complète.

La présence d’un bon entraîneur-éducateur se révèle particulièrement providentielle pendant l’adolescence et pendant la jeunesse, lorsque la personnalité est en plein développement et est à la recherche de modèles de référence et d’identification; lorsqu’on a fortement besoin d’être reconnu et respecté non seulement par ses pairs mais aussi par les adultes; lorsque le danger de se fourvoyer à cause de mauvais exemples et de la recherche d’un bonheur illusoire est grand. Dans cette phase délicate de la vie, la responsabilité d’un entraîneur est cruciale puisqu’il a souvent le privilège de passer de nombreuses heures par semaine avec les jeunes et de les influencer profondément par son comportement et sa personnalité. L’influence d’un éducateur, surtout pour les jeunes, dépend plus de ce qu’il est et de ce qu’il vit en tant que personne que de ce qu’il dit.

Il est donc important que l’entraîneur soit un exemple d’intégrité, de cohérence, de jugement équilibré, d’impartialité, mais aussi un exemple de joie de vivre, de patience, de respect et de bienveillance envers tous, et en particulier envers les plus démunis. Il est tout aussi important qu’il soit un exemple de foi. En effet, la foi nous aide à tourner le regard vers Dieu et nous préserve du risque d’absolutiser nos activités, y compris le sport amateur ou professionnel. Elle nous permet de maintenir la juste attitude de détachement et la sagesse nécessaire pour relativiser nos défaites comme nos victoires. La foi nous permet d’avoir un regard plein de bonté sur les autres et nous fait surmonter la tentation de l’excès de rivalité et d’agressivité. Elle nous enseigne la dignité de chaque être humain, même le moins doué et le plus défavorisé. Dans ce sens, l’entraîneur peut contribuer à créer un climat de solidarité et d’inclusion des jeunes marginalisés et à risque de déviance sociale. Il peut trouver les voies et moyens adéquats pour les amener au sport et partant, à des expériences de socialisation. L’équilibre humain et spirituel de l’entraîneur lui permettra également de préserver les valeurs authentiques du sport et sa nature intrinsèquement ludique et socialisante, empêchant ainsi qu’il ne se dénature sous la pression, de nos jours toujours plus forte et envahissante, de tant d’intérêts, notamment économiques.

L’entraîneur peut donc être, de concert avec les parents, les enseignants, les prêtres, les catéchistes, un bon formateur des jeunes. Mais tout bon formateur doit à son tour recevoir une solide formation. C’est pourquoi il est nécessaire de former les formateurs. Votre séminaire devra donc exhorter les organisations qui opèrent dans le domaine du sport, les fédérations nationales et internationales, les associations sportives laïques et ecclésiastiques, à accorder une attention particulière et à investir les ressources nécessaires pour la formation professionnelle, humaine et spirituelle des entraîneurs. Comme ce serait beau si, dans tous les sports et à tous les niveaux, des grandes compétitions internationales jusqu’aux tournois des oratoires paroissiaux, les jeunes pouvaient trouver en leurs entraîneurs d’authentiques témoins de vie et de foi vivante!

Je prie le Seigneur, par l’intercession de la Sainte Vierge Marie, afin que vos travaux durant ce séminaire portent de nombreux fruits pour la pastorale du sport, et afin que nous continuions à promouvoir la sainteté chrétienne dans ce milieu où beaucoup de jeunes peuvent être rejoints et transformés par des témoins joyeux de l’Évangile. Je vous demande, s’il vous plaît, de prier pour moi et je vous bénis avec affection.

Du Vatican, 14 mai 2015
Fête de saint Matthias Apôtre