Retour

TEMOIGNAGE DE SPORTIF DE HAUT NIVEAU
LUDIVINE LOISEAU

               une championne paralympique qui prie

        Ludivine Loiseau, une belle leçon de vie. À 24 ans, médaillée d'or et d'argent aux derniers Jeux paralympiques d'Athènes, Ludivine concilie avec succès vie professionnelle et vie sportive. Retour sur le parcours d'une battante qui a su dépasser son handicap.

Quatre médailles aux derniers Jeux paralympiques d'Athènes, une en or, trois en argent, Ludivine Loiseau ne passe pas inaperçue, et le bimensuel diocésain L'Église aujourd'hui à Marseille a choisi de faire son portrait. Car cette jeune nageuse de 24 ans, originaire d'Oyonnax (Ain) et qui possède déjà un palmarès impressionnant, affiche aussi une belle confiance dans la vie. Née sans jambe droite ni bras droit, Ludivine aime l'eau et y barbote depuis son plus jeune âge. À 11 ans, elle découvre la natation en suivant les conseils de son prothésiste qui l'incite à pratiquer une activité sportive. Tout s'enchaîne alors très vite. Elle rejoint la Fédération handisport de Lyon en 1992. « Grâce à la fédération, j'ai pu rencontrer des gens comme les autres, mariés, avec des enfants », raconte-t-elle, avant d'ajouter que, elle qui jusque-là n'osait pas se mettre en robe ou en jupe, a pu commencer à le faire.

La reconnaissance qu'elle obtient grâce au sport change peu à peu le regard des autres sur elle. À l'adolescence viennent les remises en cause, les « pourquoi moi ? »... « La foi m'a aidée pendant cette période. Cela m'a donné envie de me surpasser », explique-t-elle. De la volonté et de la détermination, il en a fallu à Ludivine lorsqu'en 1993 elle a intégré l'équipe de France et fait ses premières brasses dans les compétitions internationales. Les succès sportifs s'enchaînent, et les études suivent : après un bac scientifique et un IUT de carrières juridiques, elle passe une maîtrise de droit des affaires, et a terminé l'an passé un DESS de management. Elle vient tout juste d'être embauchée comme cadre fiscaliste chez EDF.

Paisible et joyeuse, elle évoque son destin peu commun avec aisance : « Je suis née comme ça, et j'ai appris très jeune à trouver mon équilibre. Ce n'est pas comme si, à la suite d'un accident, je m'étais retrouvée handicapée. Aujourd'hui, je suis en accord avec moi-même, avec mon corps et avec le regard des autres », sourit-elle.

« J'ai été baptisée, j'ai fait ma profession de foi. Il est vrai que j'ai moins le temps d'aller à la messe le dimanche, mais je prie, j'ai la foi », confiait-elle dernièrement au bimensuel L'Église aujourd'hui à Marseille. « Si je n'avais pas été handicapée, je n'aurais sans doute pas eu la chance d'avoir une vie comme celle-là... C'est peut-être une chance », ajoute-elle timidement. Son prochain objectif ? Un défi personnel, cette fois : « la traversée Monte-Cristo », une course de 5 km entre l'île et les plages du Prado à Marseille, au mois de juin prochain.

Aude Baron, La Croix, 04/01/2005