PRETRES SPORTIFS
PERE CLAUDE ARRIGNON

                         PERE CLAUDE ARRIGNON : SA BIOGRAPHIE

       
Il est né à Ste Hermine en 1946, de parents agriculteurs. Il entre au petit séminaire de Chavagnes-en-Paillers en 1958, poursuit au séminaire Jean XXIII des Herbiers à partir de la 3è. Il entre au grand séminaire de Luçon en 1966. IL sera ordonné prêtre en 1974. Il est alors nommé vicaire d’Aizenay. En 1978, Mgr Paty lui demande de suivre une formation de deux ans à la communication sociale (on dirait aujourd’hui formation aux métiers des médias.) A son retour, il est nommé à mi-temps vicaire à la paroisse St Louis de La Roche et à mi-temps à la Maison des œuvres pour les médias. C’est l’époque où les diocèses de France se dotent de services de communication, baptisés Chrétiens Médias ; à la création de Chrétiens Médias Vendée, il en devient aumônier. A partir de 1983, il assure cette fonction à plein temps. Mgr Paty lui demandera ensuite de préparer le lancement de la radio diocésaine. En 1992, il est directeur de Parabole Vendée, rebaptisée aujourd’hui RCF Vendée. Il sera ensuite vicaire à Luçon de 1994 à 2004, puis Curé de la paroisse Saint Vincent sur Lay de 2004 à 2011, puis à partir de 2011, curé de la paroisse Sainte Marie en Plaine et Marais !

                            SES LIVRES

        Patrimoine religieux en Vendée ( avec Joseph Renaud )
                                    Les éditions Siloé, 2003

                            SES ARTICLES

            EN MELEE !

C’était l’année du bac. Nous l’avons retrouvé esseulé au fond d’une armoire, nos aînés l’y avaient oublié avant de voler vers d’autres cieux. Lui, le ballon de rugby.
Le rugby on en jouait sur la télévision en noir et blanc.  Le maillot vert irlandais, le rouge gallois, les bleus de France et d’Ecosse ne se distinguaient les uns des autres que par de subtiles nuances de gris.
Dans ces années-là, Roger Couderc enchantait la France entière avec l’épopée du rugby et ses batailles picrocholines. Les danseurs étoiles avaient nom Guy Boniface, et son frère André, Jean Gassachin (prononcer Gachassaing) et d’autres encore. Le capitaine,  l’homme à la moustache, c’était Michel Crauste. Quatre années consécutives, il remporta le Tournoi des Cinq Nations à la tête du Quinze de France.
Nous ne pouvions, dans ce contexte, abandonner le ballon de rugby à son triste sort. L’un de nous cassa sa tirelire pour nous offrir le manuel des règles du rugby à XV, dont nous ne réussîmes jamais à percer toutes les subtilités. Tour à tour, la cour sablée puis un carré d’argile grasse nous tinrent lieu de terrain. Ni rugby des villes, ni du rugby des champs, ni XV ni XIII.
Ce rugby-là eut du moins le mérite de nous débarrasser promptement de nos tee-shirts usagés… et de quelques autres. Aujourd’hui encore le mot rugby me fait rêver, nom d’un pays seulement aperçu. Cependant jusqu’à ces derniers jours, jamais je n’avais vu en chair et en os, ni de près ni de loin, aucun de ces rugbymen de mon adolescence.
Or je viens de rencontrer Michel Crauste. Un soir de bataille, se croisant dans la glace, il avait dit à ses troupes : « Les gars, on fera pas des beaux vieux ». Les ans  lui ont donné tort.  A l’approche de ses 80 ans, le béret landais vissé sur la tête, on l’écoute volontiers  évoquer un rugby d’esquive et non de rentre-dedans, le ballon vivant au cœur du jeu, au cœur des joueurs. Simple, chaleureux. Nous étions là, sur les pentes du Puy-de-Dôme,  une quinzaine de chrétiens réunis pour parler de foi et de sport. Michel Crauste était là au titre du Rassemblement International des Sportifs qu’il préside chaque année à Lourdes.
Avant de se séparer il fallut sacrifier à la photo de groupe. Le premier rang s’est fait tout petit. Crauste et son mètre81, s’accroupit près de moi et mon mètre 68. Pour garder l’équilibre il  allonge la main sur mon épaule. Dans l’instant je me vois en mêlée avec Michel Crauste. Ça vaut bien une collection complète des autographes de Zidane !
Et l’instant d’après, j’ai compris l’imposition des mains. L’imposition des mains : l’un des signes du baptême. Le célébrant pose les mains  sur la tête du baptisé, le plus souvent un petit. Comme on met la main sur l’épaule de l’enfant, ou de l’ami dans une mauvaise passe : « Tu peux compter sur moi. » C’est l’un des gestes du baptême, de l’ordination des prêtres aussi, et encore du sacrement des malades… « Tu peux compter sur moi, je te prends sous ma  protection ». Mais les théologiens ajoutent : l’imposition des mains est un geste d’incorporation. Et là je venais enfin de comprendre ce gros mot, l’incorporation. En mêlée, en mêlée avec la bande à Jésus, faire corps avec le Christ, faire le Corps du Christ, se lier avec des gros et des petits, des teigneux et des gentils, des rusés et des costauds. Soudés dans l’effort, dans l’énergie d’une même respiration, d’un même souffle, le Souffle Divin*. Ben oui, c’est ça l’incorporation et le geste liturgique de l’imposition des mains.

*Une traduction tout aussi juste sans doute du « Spiritus Sanctus » latin que l’habituel « Esprit Saint »
PS L’imposition des mains comme geste d’incorporation est particulièrement explicite lors de l’ordination des prêtres. L’évêque impose la main au futur prêtre, puis tous les prêtres présents font de même signifiant ainsi son entrée dans le corps social des prêtres, le « presbytérium »

            LADISLAV, LE BASKET ET L'ETAT DE GRACE !

« Ladislav, ce soir, était en état de grâce ». C’est mon voisin qui me l’a dit à l’issue du match. Ladislav est basketteur. Mon voisin d’un soir et moi, sommes nés dans le même village, et que je sache, sa dernière leçon de caté ne date pas d’hier. Pourtant il a bien dit « Ladislav était en état de grâce ». Et c’était vrai. Ladislav a plutôt une morphologie de jeune taurillon, mais, ce soir, il se tortillait comme une anguille dans la défense adversaire impuissante ; au bout de ses efforts, le ballon n’y pouvant rien trouvait immanquablement le chemin du panier. Dix-huit points à lui tout seul. Tout lui semblait aisé, tout lui réussissait. Le basket était sa seconde nature.
En ces jours, la fête de la Toussaint. Fêtes de tous les saints,  et d’abord les sans grades, des gens sans importance. Eux aussi en état de grâce, habités par la manière d’être de Dieu, avec les gestes du pardon, de la bienveillance, de la disponibilité, comme autant d’évidences. Ils ne récitent pas une leçon laborieuse. Ils laissent voir. Toutes choses qui leur semblent aisées, une seconde nature. Ajustés à Dieu comme Ladislav au basket !

        LE TRIOMPHE DE GUILLEMOT ( Vendée Globe ) !